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Compagnie Artefakt – Céline AMATO

 Cette année,  pour la soirée d’ouverture des Rencontres d’Art Aktuel, Céline AMATO, de la Compagnie de danse Artefakt, revient nous émerveiller et nous faire vibrer autour d’une performance dansée extraite d’une de ses dernière « Pantone 219, la fabrik des filles »,  elle s’y interroge sur la construction identitaire. Qu’est-ce qu’être une fille aujourd’hui? Rencontre avec une chorégraphe qui déteste le rose.

Danseuse et chorégraphe de la compagnie Artefakt, Céline Amato enchaîne les répétitions. Sa nouvelle création « Pantone 219, la fabrik des filles » sera présentée hors les murs, dans les quartiers de Saint-Benoit et Sainte-Rose. S’il est catalogué spectacle jeunesse, son propos s’adresse à tous. Il interroge et ouvre le débat : qu’est-ce qu’être une fille au XXIème siècle quand « Le Pantone 219 », la couleur rose Barbie sur le nuancier, impose sa suprématie ?Céline Amato aborde la danse avec un grand D. « Elle fait partie de ma vie », confie l’artiste, silhouette gracile, œil noir intense. Son trop-plein d’énergie, la danse le canalise. Trahissant une enfance passé sous le soleil entre Nice et Canne, ses mains s’agitent quand elle parle d’une voix légèrement rocailleuse. Mais l’univers de ses jeunes années, c’est plutôt les tours grises : « J’ai grandi dans les quartiers. La Maison des Jeunes était comme ma seconde maison. J’y ai découvert la danse ». Elle élude, préfère parler au présent. C’est sur ce terreau pourtant que s’est nourrie sa force de caractère, ont poussé sa fougue, sa curiosité grandissante, et cet esprit rebelle qui l’a fait aller de l’avant.La Danse pour tousA la lecture de son parcours, une évidence : elle aime brouiller les codes. Hip-hop, classique, claquettes, jazz, moderne, elle pioche, s’enrichit, jusqu’à trouver sa propre gestuelle métissée. « S’il n’en donne pas l’impression, le free style est une danse très codée. Chaque danse a son costume, son espace, son histoire, sa culture… Mais on parle tous des mouvements. » La danseuse fait bouger les lignes en valorisant le « causé » de chacun. En duo avec Anthony Anna dans sa première création « XY à chair de peau », son plateau de danse, c’est aussi la rue, le quartier. Elle apprécie ce hors les murs. « Le rapport au public est différent. Le public a sa place. Il a un rôle dans la création », souligne-t-elle, insistant sur l’aspect unique du spectacle de rue.Tête chercheuse, elle multiplie les expérimentations. Avec la compagnie Danse en l’R, en 2013, elle prend conscience de l’apport de la danse auprès de personnes porteuses de handicap, à travers la pièce « Attention fragile » dans laquelle son partenaire, Wilson Payet, évolue dans une chaise roulante. Sa quête l’amène jusqu’à Madagascar à la rencontre de danseurs non voyants à qui elle propose un projet vidéo/danse, « Double JE ». En 2014, elle crée « Kom », un solo à deux, dialogue entre un schizophrène et sa maladie. La danse aide tous ceux pour qui communiquer devient parfois difficile. « On peut danser même si on n’a pas le costume qui va avec le plateau de danse. Tout le monde peut danser ! » rappelle l’artiste. S’évader du mouleAvec « Pantone 219 », elle remonte à la source, l’enfance, et construit son propos autour de jouet. Comment se fabriquent les filles ? Pourquoi leur attribue-t-on ce rose que la chorégraphe-danseuse déteste tant, elle qui pendant longtemps s’est affichée garçon manqué. Céline Amato a baladé son micro autour de l’île, et dans les classes primaires pour demander, caméra au poing, « c’est quoi, être une femme aujourd’hui ? » Elle a ouvert les portes d’un IME et pendant une semaine, a travaillé auprès d’enfants autistes. Constat: « Le personnel soignant a remarqué qu’il parlait tout le temps. Le langage n’est pas le seul moyen de communiquer, le corps va au-delà des mots, des sons », corrige l’artiste. »Mets des roues à ta poupée au lieu de lui couper la tête ». Céline Amato, l’ex-rebelle, a mis longtemps à trouver sa place et l’estime de soi. Son spectacle « Pantone 219, la fabrik des filles » redistribue la donne, secoue l’image du jouet, asticote le fonctionnement de la construction identitaire, parce qu’il faut sortir du moule dans lequel on nous façonne. Sandra Rivière et Cast font partie de l’équipe de création, deux artistes complémentaires. Pour Céline Amato, une belle rencontre: « Sandra peut passer des heures sur un mouvement. Elle est très formatée par la danse classique. Elle rééquilibre ma fougue et, très important, elle apporte un truc de fille dans la gestuelle. Elle, elle adore le rose! »Les agités du bokal« Le Lab (Les agités du bokal) est un lieu dédié à la création multidisciplinaire indisciplinée ». La carte de visite ne s’y trompe pas. L’espace ouvert de la compagnie Artifakt, dont Céline Amato tient les rênes, l’est à tous les artistes qui manquent encore trop souvent de lieu pour s’exprimer. Le seul mot d’ordre est justement de ne pas en avoir pour laisser libre cours à l’imagination, oublier les règles pour mieux les réinventer. « Un joyeux bordel dans l’énergie! », résume la danseuse. Et savez-vous pourquoi elle met des « k » partout? « Parce que j’adore le kréol! »Les agités du bokal114, rue du Père Rognard au Tamponlesagitesdubokal yahoo.fr0262 19 01 64 ou 0692 69 78 85

Source:Bernadette Kunzé ; photo : Jean Rémy Moulouma

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